un nouveau départ

Publié le par ludovic colin

Après ce coup de semonce, mon épouse est tombée en dépression, quant à moi ce fut très difficile. 

 Il nous a fallu un bon mois avant de ressortir la tête de l'eau.

 En accord avec le CAMSP, Juliette passe une heure par semaine avec une psy.

 Elle réalise certains exercices destinés à la faire sortir de sa bulle et se rendre compte de l'existence du monde extérieur.

 Avec mon épouse, nous nous questionnons énormément : avons-nous loupé quelque chose ? avons-nous été assez présents ?

 Puis sont venues les interrogations sur l'entourage, est-elle bien chez la nounou ?

 Nous en parlons à la psy qui nous déculpabilise de suite : pour elle, Juliette est née ainsi ce n'est pas dû au comportement extérieur.

 Nous l'interpellons toutefois sur son handicap visuel, n'y aurait-il pas un lien de cause à effet : pour elle, non ce sont deux handicaps bien distincts.D'ailleurs, elle nous informe que bien souvent les enfants déficients visuels parlent très tôt pour se rendre plus autonomes.

 Je suis pour ma part résigné; d'ailleurs lorsque je l'ai annoncé à certains membres de la famille les langues se sont déliées et ont validé ce diagnostic.

 Je me souviens de l'annonce faite à ma propre mère : je pleurais au téléphone, j'aurais donné ma vie pour que celle de ma petite fille soit belle, pour que Juliette soit heureuse.

 Ma mère m'a alors répondu que Juliette était née comme cela, qu'elle ne se rendait pas compte de sa différence, qu'elle n'en souffrait pas...

 Il n'y avait donc rien à faire.

 Mon épouse n'acceptait pas : selon elle, le handicap visuel était  l'unique origine  de son comportement avec peut être la vie chez la nounou.Que se passait-il chez la nounou ?devenions-nous paranos ?

 Ma femme décide de surprendre l'assistante maternelle et va rechercher Juliette 2 heures plus tôt qu'à l'habitude.Et là, ce fut un électrochoc.

 Dès le début nous avions prévenu la nounou que Juliette avait des problèmes visuels et qu'il fallait la stimuler, jouer avec elle, l'empêcher de s'isoler, mais le désolant spectacle que voyait ma femme ce jour là lui prouvait qu'il y avait bien un malaise.

 Pendant presque une heure, mon épouse a guetté par la porte fenêtre l'attitude de Juliette et surtout de la nounou.Juliette était sur le tapis, se balançait et entrechoquait deux boîtes pendant que la nounou était debout les bras croisés à la regarder sans se mêler à aucun moment à l'activité de Juliette.

 Ma femme est alors entrée : la nounou fut surprise de l'horaire, mon épouse m'a d'ailleurs rapporté que la nounou tremblait.  

 

Le soir même, nous prenions la décision de retirer Juliette de ce lieu.  

 

Nous appelions le lendemain les services sociaux de Charleville pour avoir une place en crèche, mais le délai d'inscription était de 9 mois.  

 

A croire, qu'il faille appeler la crèche le soir même de la conception de l'enfant pour avoir une place à temps !  

 

J'usais alors des mes relations, et parvenais à avoir un RDV avec Mme le Maire de Charleville.  

 

Elle contacte les personnes compétentes.  

 

A l'issue de cet entretien, je ressortais avec le précieux sésame : Juliette avait une place en crèche pendant deux jours de la semaine, les deux autres jours , elle était  chez une nounou : la meilleure selon les services sociaux ( l'avenir nous confirma ce qualificatif ).  

 

Il fallait toutefois attendre 2 mois ( à cause de quotas de personnels) pour tout mettre en place : ce serait après les vacances de février 2005. 

Nous prenions la décision d'annoncer le changement à la nounou qu'au dernier moment à savoir trois semaines avant (pendant ces trois semaines, nous avons pris congés pour garder Juliette).  

 

Lorsque nous avons annoncé la fin du contrat à la nounou, sa seule remarque fut : "et bien, ça va être dur financièrement pour nous" aucune interrogation sur les raisons du changement, rien sur Juliette. 

 

Si nous avions quelque part "sauvé" Juliette de ce milieu, nous culpabilisions énormément pourquoi ne s'était-on aperçu de rien ? pourquoi ne pas avoir agi plus tôt ?  

 

La première semaine de crèche et de sa nouvelle nounou venait de se déroulait : Juliette s'était parfaitement intégrée.  

 

Nous avons vu alors un changement phénoménal dans son comportement : elle ne faisait plus de gestes stéréotypés quand elle rentrait le soir à la maison et semblait heureuse ...  

 

Pendant un mois, Juliette a fait des progrès incroyables : elle mangeait seule ( toujours pas de morceaux), certes, elle avait toujours tendance à s'isoler mais le contact auprès d'autres enfants lui faisait un bien fou. 

 

Nous en parlions avec la psy, nous l'interrogions de nouveau sur l'autisme, elle ne changeait pas d'avis ... pourtant Juliette faisait d'énormes progrès, mais selon elle ( et je le sais à présent après moult recherches) les enfants autistes font également et heureusement des progrès et évoluent.  

 

Ma femme n'acceptait toujours pas, pour elle tout venait exclusivement des yeux : nous prenions alors la décision de contacter le centre de dépistage d'autisme de Reims.  

 

 

Publié dans delombrealalumiere

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R
Bienvenue et bonne continuation pour votre blog!<br /> De mon côté, j'ai un petit frère qui est malvoyant, et le handicap dans la famille, on connaît...La conclusion est que c'est épuisant car il faut se battre tout le temps pour se faire entendre...Après moultes découragements, il y a quelques années, mes parents ont réussi à l'inscrire à l'institut des jeunes aveugles et ô miracle, l'enfant renfermé et vivant mal son handicap s'est transformé sous nos yeux en un jeune homme plein d'humour qui a passé son bac S et qui aujourd'hui termine des études de kiné qui le passionnent! J'espère que vous serez soutenus et conseillés, avec votre petite fille. En tous les cas, ne perdez pas courage! Et le blog, c'est une excellente idée,<br /> à bientôt donc!<br /> R.
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